Synthetic Memories : La fabrique des souvenirs

S

Utiliser l’intelligence artificielle pour matérialiser et préserver des souvenirs oubliés ou en voie d’oubli. Telle est l’ambition de ce projet artistique et scientifique, situé à la croisée de la science, de la technologie et de la créativité. Il vise à sauvegarder les identités, mais également à préserver la mémoire collective, notamment à travers la conservation du patrimoine culturel.

Le projet Synthetic Memories bénéficie d’un soutien international, notamment de l’Université de Toronto et de Google Arts. Des experts en psychologie cognitive et en science des données unissent leurs compétences pour convertir des témoignages oraux en souvenirs visuels.

https://smartlink.ausha.co/lumieres-sur-le-quai/synthetic-memories

L’exposition Synthetic Memories, présentée au Quai des Savoirs de Toulouse durant le festival « Lumières sur les Quais« , explore cette frontière entre la remémoration des souvenirs humains et leur retranscription grâce à l’intelligence artificielle.
En quelque sorte, il s’agit de « text-to-image« , mais avec un protocole précis concernant la remémoration des souvenirs.

En exploitant des technologies de génération d’images (comme Dall-E), ce projet propose une réflexion sur la reconstruction des souvenirs.

Au cours d’entretiens, les souvenirs partagés sont transformés en prompts, puis générés par l’IA sous forme d’images floues.
Ce rendu « flouté » en noir et blanc permet de s’affranchir de la génération hyperréaliste proposée par des outils comme DALL-E et MidJourney, qui, par défaut, produisent des images très (trop) détaillées.

Vous pouvez reproduire cet effet, en ajoutant des paramètres spécifiques dans vos prompts, tels que « blur », « motion blur » et « analog film »
Ces mots-clés permettent de sortir de ce cadre hyperréaliste, ce qui, il faut le noter, n’est pas nécessairement le point fort de ces algorithmes.

image crée avec Midjourney

Questionnement et axes de travail

Ce projet explore notamment dans quelle mesure les souvenirs artificiellement recréés peuvent provoquer des réactions émotionnelles similaires ou différentes de celles des souvenirs naturels. Il ouvre la voie à de nombreuses questions et perspectives :

Quel pourrait être l’impact de la remémoration sur la santé mentale, notamment dans le cadre de la gestion des traumatismes ? En quoi les émotions suscitées par ces souvenirs artificiels diffèrent-elles de celles engendrées par des souvenirs authentiques ?

Comment les individus perçoivent-ils émotionnellement la reconstitution artificielle de leurs souvenirs en comparaison avec ceux qu’ils ont réellement vécus ?

 

Réflexion sur un atelier « text-to-Image » en thérapie (TCC)

Une application potentielle de ce projet dans le domaine de la santé mentale pourrait être son utilisation dans des ateliers thérapeutiques centrés sur les émotions, notamment dans le cadre des thérapies cognitivo-comportementales (TCC).
L’idée serait d’inviter les patients à verbaliser leur état émotionnel sous forme de texte, puis de transformer cette description en une image générée par IA.
L’image deviendrait alors un support d’exploration « plus accessible », offrant un point de départ pour partager, analyser, et interpréter les émotions dans un cadre de thérapie de groupe.
Par la formalisation visuelle des ressentis émotionnels, cette approche « pourrait libérer » la parole des patients, permettant de dépasser les difficultés d’expression verbale et d’initier des discussions autour de leurs émotions actuelles.
Cette utilisation du text-to-image ne cherche donc pas à reconstruire des souvenirs mais à saisir l’instant émotionnel, offrant ainsi un nouvel outil dans le dispositif thérapeutique pour formaliser et explorer les états affectifs de manière créative et ludique (?).

A propos de l'auteur

Stéphane Meurisse

Ajouter un commentaire

Stéphane Meurisse